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Le CONTAFLEX de ZEISS IKON, un appareil fin de race
Accueil :: Les photos du clic :: Reportages et SériesLe CONTAFLEX de ZEISS IKON, un appareil fin de race
+2
klee
Nobody
6 participants
Le CONTAFLEX de ZEISS IKON, un appareil fin de race
Bonjour,
Courant années soixante, une marque d’appareils photo m’a toujours interloqué, je nomme ZEISS IKON.
Une réputation en fer forgé, un appareil de notable, quand quelqu’un se baladait avec un ZEISS IKON, le sac tout prêt avait la face avant pendante, pour que le simple peuple puisse mesurer la distance qui le séparait de cette élite capable de s’offrir une telle qualité.
Le prix de ces bignous en rafraichissait plus d’un,
Il faut dire que l’évocation d’une simple possibilité d’optiques complémentaires vous donnait des frissons, mais que pouvait-on ne pas faire avec ces blocs de lentilles comme un Pro-Tessar f:115 mm 1:4,5 ou même le Pro-Tessar de f:35 mm 1:3,5...
C’était le monde magique de Dumbo l’éléphant volant.
Pour moi cet appareil me faisait paraphraser Napoléon s’adressant à Talleyrand: «Vous êtes une merde dans un bas de soie»
Même si l’appareil provenait des prestigieuses usines germanique ZEISS IKON, nom qui a inspiré celui de tous les japonais ou presque, Nikon Canon Topcon etc, il était complètement «Has-been»
Pas un mauvais appareil, mais limité de par le choix des ingénieurs allemands.
Je vous présente le CONTAFLEX
L’erreur réside dans le choix de l’obturateur central, autant qu'il était pratique sur un objectif fixe qu'il devient extrêmement complexe sur un reflex.
Analysons les soucis de ce type d’obturateur: Il doit se placer au centre de l’optique rendant ainsi totalement impossible l’emploi d’objectifs autres que des compléments, seule la lentille frontale étant interchangeable, complexe.
Voyez ici l’optique de base, un PANTAR f:45 mm 1:2,8, déjà cela ne casse pas trois pattes à un canard.
Mise au point par dévissage/vissage de la lentille frontale, complètement obsolète.
Changer d’optique en réalité changer de lentille frontale:
Le petit bout de machin qui reste est la partie fixe de l’objectif, forcément petit car l’obturateur centrale ne peut pas avoir un grand diamètre, le temps de déplacement des lamelles étant trop important, le centre de l’image est beaucoup plus exposé que les bords, impossibilité mécanique.
La lentille étant fixe, on pouvait espérer une chambre reflexe étanche, mais en réalité, le viseur se remplissait rapidement de poussières et cette étanchéité imparfait rendait impossible le nettoyage à la soufflette. Le service parès vente était le seul recours.
Donc on ne peut y mettre que des COMPLEMENTS de l’optique qui est fixe. Petit diamètre = petite ouverture et surtout une mise au point minimale à 3 mètres, au télé, qui était réputé avoir un vignettage assez marqué.
Donc intérêt très limité, peu de choix de focale, f:115 mm max et f:35 mm et c’est tout. De plus ces compléments optiques étaient très chers.
La cinématique d’un reflex à obturateur central est complexe:
Armement, un volet vient tomber devant la fenêtre du film, le miroir redescend, l’obturateur s’ouvre.
Déclenchement, l’obturateur se ferme, le miroir et le volet remonte pour démasquer la chambre réflexe, l’obturateur s’ouvre à la vitesse prévue et se referme.
Mais dès que l’on appuie sur le déclencheur l’image disparaît définitivement. Il faut réarmer pour que la cinématique se remette en place et que le viseur redonne une image.
Sinon viseur agréable, plage de visée avec cercles de Fresnel et télémètre de type Dodin.
Obturateur centrale pose «B» jusqu’au 1/500 incertain (après quelques mois, la vitesse max plafonnait à 1/300 au mieux.
Un boîtier assez complexe
vue par dessus, une cellule couplée mais par indices de lumination, grande mode à l’époque.
Le bon réglage de la cellule, aiguille superposée au petit rond
et si hors lumination:
Vendre un tel appareil était un cauchemar, le client se rendait compte assez rapidement qu’il avait payé au prix fort un truc peu exploitable, et les vitrines photos se remplissaient d’appareil Japonais, livrés de base avec une optique f:50 mm mais ouvrant à 1;1,7 ou 1:1,4 pour le même prix. Pour le prix d’un complément optique ridicule il pouvait s’offrir un f:135 mm ouvrant à 1:2,8 et un grand angle de f:28 mm à même ouverture.
Les marques émergentes comme Minolta, Hasahi Pentax, Canon, et autres avaient des arguments bien plus musclés, des optiques de rêves et le choix de l'obturateur à rideau, extrêment plus fiable et tellement plus évident à l'emploi. Comme le disait Jules "Alea jacta est"
Pas de bague allonge ou de soufflet, impossible par le choix de l’obturateur central. De simples bonnettes comme sur un 24 x 36 basique...
Je peux vous l’avouer, il y a prescription, nous avions mis au point une méthode infaillible pour vendre un Japonais à la place de cette m...
Nous avion discrètement saboté un Contaflex en mettant l’appareil en pose «B» puis en passant le doigt au milieu des lames de l’obtu, relâcher le déclencheur et retirer le doigt. Obtu foutu !
Un deuxième Contaflex avec un petit engrenage trouvé je ne sais où...
Un Monsieur riche me demande d’un ton péremptoire si j’ai un Contaflex.
Bien sûr Monsieur et je lui sort celui qui a l’obtu en vrac. Mauvais impact !
Mais j’en ai un autre, je cherche celui avec le bidule qui se balade et tombe sur le comptoir devant les yeux hagards du Monsieur....
Si le Monsieur est accompagné de Madame, c’est dans la poche, elle lui tire le bras et «Roger ! Tu es sur de vouloir acheter cette marque ?» Le Monsieur a beau être un sous chef de service, il doit s’incliner devant les désirs de sa moitié !
Et moi la bouche en coeur, avez-vous déjà regardé dans le viseur d’un Minolta (ou Canon ou même parfois d’un Nikon, mais prononcé «Naïke-on».
Si j’avais la forme il repartait avec un boîtier, un télé, un grand angle, un flash et un fourre-tout en cuir.
J’étais très fort à ce jeu là, et très souvent le même client revenait me féliciter pour son choix, et repartait avec un soufflet macro, un polarisant, pare soleil, déclencheur souple etc...
Le client connaissait mon nom et ne voulait pas d’autre vendeur. Mais mes collègues en faisaient autant, d’ailleurs ils me débarrassaient des deux appareils Zeiss et les remballaient soigneusement pour la prochaine occasion.
Et j’en ai vendu des appareils, quand le Canon Pellix est apparu, je faisait une démonstration «au client fantôme» et à la fin les mains se levaient, «J’en veux un», «Moi aussi», mon record a été sept Pellix d’un coup. J’en triplait mon salaire...
Mon Chef me regardait faire et allait chercher les appareils pour passer en caisse....
Rôdé comme une soupape !
C’est en faisant le kéké comme cela que j’ai pris en photo une fille dans un stand à côté, elle croyait que l’appareil était vide, mais non. La nuit, développement avant dîner et tirage après… La salle de bain de mes parents était souvent réquisitionnée la nuit.
Épatée la demoiselle, elle me plaisait beaucoup, c’était il y a 46 ans et je crois bien que je l’aime déjà, cela tombe bien, cela fait 45 ans que je l’ai épousée...
Courant années soixante, une marque d’appareils photo m’a toujours interloqué, je nomme ZEISS IKON.
Une réputation en fer forgé, un appareil de notable, quand quelqu’un se baladait avec un ZEISS IKON, le sac tout prêt avait la face avant pendante, pour que le simple peuple puisse mesurer la distance qui le séparait de cette élite capable de s’offrir une telle qualité.
Le prix de ces bignous en rafraichissait plus d’un,
Il faut dire que l’évocation d’une simple possibilité d’optiques complémentaires vous donnait des frissons, mais que pouvait-on ne pas faire avec ces blocs de lentilles comme un Pro-Tessar f:115 mm 1:4,5 ou même le Pro-Tessar de f:35 mm 1:3,5...
C’était le monde magique de Dumbo l’éléphant volant.
Pour moi cet appareil me faisait paraphraser Napoléon s’adressant à Talleyrand: «Vous êtes une merde dans un bas de soie»
Même si l’appareil provenait des prestigieuses usines germanique ZEISS IKON, nom qui a inspiré celui de tous les japonais ou presque, Nikon Canon Topcon etc, il était complètement «Has-been»
Pas un mauvais appareil, mais limité de par le choix des ingénieurs allemands.
Je vous présente le CONTAFLEX
L’erreur réside dans le choix de l’obturateur central, autant qu'il était pratique sur un objectif fixe qu'il devient extrêmement complexe sur un reflex.
Analysons les soucis de ce type d’obturateur: Il doit se placer au centre de l’optique rendant ainsi totalement impossible l’emploi d’objectifs autres que des compléments, seule la lentille frontale étant interchangeable, complexe.
Voyez ici l’optique de base, un PANTAR f:45 mm 1:2,8, déjà cela ne casse pas trois pattes à un canard.
Mise au point par dévissage/vissage de la lentille frontale, complètement obsolète.
Changer d’optique en réalité changer de lentille frontale:
Le petit bout de machin qui reste est la partie fixe de l’objectif, forcément petit car l’obturateur centrale ne peut pas avoir un grand diamètre, le temps de déplacement des lamelles étant trop important, le centre de l’image est beaucoup plus exposé que les bords, impossibilité mécanique.
La lentille étant fixe, on pouvait espérer une chambre reflexe étanche, mais en réalité, le viseur se remplissait rapidement de poussières et cette étanchéité imparfait rendait impossible le nettoyage à la soufflette. Le service parès vente était le seul recours.
Donc on ne peut y mettre que des COMPLEMENTS de l’optique qui est fixe. Petit diamètre = petite ouverture et surtout une mise au point minimale à 3 mètres, au télé, qui était réputé avoir un vignettage assez marqué.
Donc intérêt très limité, peu de choix de focale, f:115 mm max et f:35 mm et c’est tout. De plus ces compléments optiques étaient très chers.
La cinématique d’un reflex à obturateur central est complexe:
Armement, un volet vient tomber devant la fenêtre du film, le miroir redescend, l’obturateur s’ouvre.
Déclenchement, l’obturateur se ferme, le miroir et le volet remonte pour démasquer la chambre réflexe, l’obturateur s’ouvre à la vitesse prévue et se referme.
Mais dès que l’on appuie sur le déclencheur l’image disparaît définitivement. Il faut réarmer pour que la cinématique se remette en place et que le viseur redonne une image.
Sinon viseur agréable, plage de visée avec cercles de Fresnel et télémètre de type Dodin.
Obturateur centrale pose «B» jusqu’au 1/500 incertain (après quelques mois, la vitesse max plafonnait à 1/300 au mieux.
Un boîtier assez complexe
vue par dessus, une cellule couplée mais par indices de lumination, grande mode à l’époque.
Le bon réglage de la cellule, aiguille superposée au petit rond
et si hors lumination:
Vendre un tel appareil était un cauchemar, le client se rendait compte assez rapidement qu’il avait payé au prix fort un truc peu exploitable, et les vitrines photos se remplissaient d’appareil Japonais, livrés de base avec une optique f:50 mm mais ouvrant à 1;1,7 ou 1:1,4 pour le même prix. Pour le prix d’un complément optique ridicule il pouvait s’offrir un f:135 mm ouvrant à 1:2,8 et un grand angle de f:28 mm à même ouverture.
Les marques émergentes comme Minolta, Hasahi Pentax, Canon, et autres avaient des arguments bien plus musclés, des optiques de rêves et le choix de l'obturateur à rideau, extrêment plus fiable et tellement plus évident à l'emploi. Comme le disait Jules "Alea jacta est"
Pas de bague allonge ou de soufflet, impossible par le choix de l’obturateur central. De simples bonnettes comme sur un 24 x 36 basique...
Je peux vous l’avouer, il y a prescription, nous avions mis au point une méthode infaillible pour vendre un Japonais à la place de cette m...
Nous avion discrètement saboté un Contaflex en mettant l’appareil en pose «B» puis en passant le doigt au milieu des lames de l’obtu, relâcher le déclencheur et retirer le doigt. Obtu foutu !
Un deuxième Contaflex avec un petit engrenage trouvé je ne sais où...
Un Monsieur riche me demande d’un ton péremptoire si j’ai un Contaflex.
Bien sûr Monsieur et je lui sort celui qui a l’obtu en vrac. Mauvais impact !
Mais j’en ai un autre, je cherche celui avec le bidule qui se balade et tombe sur le comptoir devant les yeux hagards du Monsieur....
Si le Monsieur est accompagné de Madame, c’est dans la poche, elle lui tire le bras et «Roger ! Tu es sur de vouloir acheter cette marque ?» Le Monsieur a beau être un sous chef de service, il doit s’incliner devant les désirs de sa moitié !
Et moi la bouche en coeur, avez-vous déjà regardé dans le viseur d’un Minolta (ou Canon ou même parfois d’un Nikon, mais prononcé «Naïke-on».
Si j’avais la forme il repartait avec un boîtier, un télé, un grand angle, un flash et un fourre-tout en cuir.
J’étais très fort à ce jeu là, et très souvent le même client revenait me féliciter pour son choix, et repartait avec un soufflet macro, un polarisant, pare soleil, déclencheur souple etc...
Le client connaissait mon nom et ne voulait pas d’autre vendeur. Mais mes collègues en faisaient autant, d’ailleurs ils me débarrassaient des deux appareils Zeiss et les remballaient soigneusement pour la prochaine occasion.
Et j’en ai vendu des appareils, quand le Canon Pellix est apparu, je faisait une démonstration «au client fantôme» et à la fin les mains se levaient, «J’en veux un», «Moi aussi», mon record a été sept Pellix d’un coup. J’en triplait mon salaire...
Mon Chef me regardait faire et allait chercher les appareils pour passer en caisse....
Rôdé comme une soupape !
C’est en faisant le kéké comme cela que j’ai pris en photo une fille dans un stand à côté, elle croyait que l’appareil était vide, mais non. La nuit, développement avant dîner et tirage après… La salle de bain de mes parents était souvent réquisitionnée la nuit.
Épatée la demoiselle, elle me plaisait beaucoup, c’était il y a 46 ans et je crois bien que je l’aime déjà, cela tombe bien, cela fait 45 ans que je l’ai épousée...
Re: Le CONTAFLEX de ZEISS IKON, un appareil fin de race
Franc Dubosc n'a rien inventé alors !!
Avant le kéké des plages il existait déjà le kéké des magasins photo...
Merci pour cette charmante évocation Jef !!
Mes respects à Madame Nobody :#chi#:
Avant le kéké des plages il existait déjà le kéké des magasins photo...
Merci pour cette charmante évocation Jef !!
Mes respects à Madame Nobody :#chi#:
Re: Le CONTAFLEX de ZEISS IKON, un appareil fin de race
Bonjour, merci et arouar. ;)
- Invité
- Invité
- AnciennetéMembre depuis plus de 15 ans
Re: Le CONTAFLEX de ZEISS IKON, un appareil fin de race
Rhooo, c'est trop beau comme histoire
merci pour la présentation etout et tout !
merci pour la présentation etout et tout !
- Eric
- Membre major
- Nombre de messages publiésMessages postés compris entre 5000 et 7500AnciennetéMembre depuis au moins 10 ansSujets créésSujets créés compris entre 100 et 250
Inscription : 31/07/2010
Re: Le CONTAFLEX de ZEISS IKON, un appareil fin de race
comme d´hab´chuis sur le cul. C´est beau qu´on dirait du Mozart!
Re: Le CONTAFLEX de ZEISS IKON, un appareil fin de race
Foxy a écrit:comme d´hab´chuis sur le cul. C´est beau qu´on dirait du Mozart!
Merci, c'est trop sympa….
Re: Le CONTAFLEX de ZEISS IKON, un appareil fin de race
Nobody a écrit: La nuit, développement avant dîner et tirage après… La salle de bain de mes parents était souvent réquisitionnée la nuit.
cela fait 45 ans que je l’ai épuisée...
Bonjour Monsieur
Tirage et développement dans la même journée....m'étonnes pas qu'elle soit resté avec toi 45 ans!!
Au revoir
________________________________________________________________
"Si c'est important pour toi tu trouveras une solution.
Si ça ne l'est pas tu chercheras une excuse"
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